Le principal motif conduisant à la réalisation de la présente étude est l'analyse comparative de la pauvreté et des inégalités dans des agglomérations de l'UEMOA (Abidjan, Bissau, Niamey et Lomé) et l'existence de peu d'études appliquées en Afrique subsaharienne liant la pauvreté au marché du travail. L'étude se base sur l'Enquête sur les Dépenses des ménages, qui a été réalisé en 2008 dans le cadre de la rénovation de l'Indice Harmonisé des Prix à la Consommation et portant sur un échantillon de 1008 ménages dans chacun des agglomérations de l'UEMOA concernées.
L'étude descriptive du cadre d'étude nous a permis de voir que le PIB de la Côte d'Ivoire valait plus de cinq fois celui des autres pays, mais en se ramenant au niveau par habitant il ne vaut plus que trois fois ; il y a plus de ménages locataires à Abidjan que dans les autres agglomérations ; la plupart des travailleurs sont des indépendants dans toutes les villes et que la proportion d'actifs occupés dépasse 80% dans chacune des capitales.
L'analyse des inégalités et la construction des indicateurs de pauvreté monétaire constituent le point essentiel du présent document et toute la suite de l'étude repose sur ces indicateurs. L'étude des courbes de Lorenz généralisées et pondérées montre qu'il y a moins d'inégalité à Abidjan et à Lomé qu'à Niamey et Bissau. Le calcul des contributions à l'inégalité fait ressortir que, dans toutes les agglomérations, la taille de ménage est le contributeur le plus important à l'inégalité (Abidjan 27%, Bissau 40%, Niamey 30% et Lomé 32%) et que la situation de famille (monogame, polygame) contribue à l'inégalité de la même façon (de l'ordre de 8%).
Les indices FGT montrent que l'incidence de la pauvreté tourne autour de 28% dans toutes les villes mais l'étude de la dominance stochastique au sens de FGT montre qu'il y a moins de pauvreté à Abidjan et à Lomé qu'à Niamey et Bissau, quel que soit le seuil de pauvreté retenu. A l'aide de ces indicateurs nous avons remarqué que les hommes sont plus exposés à la pauvreté que les femmes, et que les individus sans instruction sont les plus fréquemment pauvres.
Il ressort aussi de cette étude que les travailleurs pauvres représentent 60% de la population des pauvres à Abidjan, 32% à Bissau, 34% à Niamey et 73% à Lomé. Les travailleurs pauvres sont de plus en plus présents dans l'informel avec une proportion de plus 70% dans toutes les villes et la plupart d'entre eux sont de type de ménage ‘couple avec enfants' ou ‘famille élargie'.
Les régressions logistiques constituent l'étape approfondie de notre analyse de la pauvreté. Les résultats issus des estimations nous ont permis de constater que les déterminants de la pauvreté et du marché du travail varient d'une agglomération à l'autre. Au vu de ces résultats, le fait pour un individu d'être de niveau d'instruction bas (aucun et primaire) augmente la probabilité pour qu'il appartienne au groupe des pauvres. Aussi, la pauvreté a une influence négative sur la probabilité d'être actif occupé, autrement dit le fait pour un individu d'être pauvre réduit sa chance d'avoir un emploi.
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